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2 avril 2015 4 02 /04 /avril /2015 14:23
Par 
Réalisatrice

LE PLUS. Voyeuriste ou éclairant ? La question ne manquera pas d'être soulevée à la diffusion de "Mon partenaire particulier" ce mercredi sur M6. La chaîne propose d'y suivre le parcours de personnes en situation de handicap qui cherchent l'amour. Un pitch qui a d'abord fait peur à la réalisatrice Agnès Buthion. Témoignage.

Édité et parrainé par Louise Pothier

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 Dans "Mon partenaire particulier", des personnes atteintes de handicaps cherchent l'amour. (Capture d'écran M6)

Dans "Mon partenaire particulier", des personnes atteintes de handicaps cherchent l'amour. (Capture d'écran M6)

 

Honnêtement, quand on m’a proposé de réaliser ce documentaire, j’ai d’abord été sceptique. "Mon partenaire particulier" existait déjà à l’étranger et je craignais l’association handicap, amour… et chaîne privée.

 

Je trouvais que le sujet ressemblait plus à une émission du service public. Mais ça n’aurait touché que les gens concernés par le handicap, des gens intéressés par le sujet. Diffuser un tel programme sur M6, c’est toucher un public plus grand et moins alerte sur ce genre de sujets.

 

Restait le risque que le résultat soit un peu voyeur ou artificiel. J’ai été rassurée par la charte éthique proposée par la production. On était en accord sur toute la ligne.

 

 

Ce n’est pas un documentaire sur le handicap

 

Le fil rouge de cette série documentaire, c’est l’amour. Ce film n’est pas un documentaire sur le handicap. Les témoins que nous avons filmés ne sont pas des ambassadeurs, et n’ont pas vocation à représenter les personnes touchées par la même pathologie qu’eux. Chacun nous raconte sa propre histoire.

 

Certes, pour participer, il fallait porter un handicap… Les mentalités auront vraiment évolué quand tout le monde sera mélangé mais, en attendant, parler de l’amour chez les gens porteurs de handicap, c’est déjà un pas.

 

J’avais un regard très banal sur le handicap

 

Quand j’ai commencé à enquêter, je n’avais aucun a priori. Je ne suis pas directement concernée par le handicap et j’avais un regard très banal sur le sujet. Je faisais partie de cette masse qui ne sait pas comment se comporter. Quand je croisais des personnes différentes dans la rue, je ne savais pas s’il fallait les regarder par peur qu’elles interprètent mon ignorance par du mépris ou au contraire les éviter pour qu’elles ne se sentent pas agressées…

 

Avant d’accepter de participer au projet, j’ai contacté des associations pour me renseigner : le sujet intéressait-il les premiers concernés ? Ceux que j’ai rencontrés m’ont répondu par l’affirmative.

 

On s’est concentré sur leurs points communs

 

En parlant avec eux, j’ai réalisé des choses toutes bêtes. Déjà que l’on en aime certains plus que d’autres et que ça n’a rien à voir avec leur handicap. La différence qui saute aux yeux n’est souvent pas la plus importante.

 

Toute l’équipe a eu le même sentiment et ça s’est vérifié concrètement : quand on parlait des témoins, on ne les resituait jamais en fonction de leur handicap, mais selon d’autres critères : leur ville, leur caractère, leur histoire. 

 

Dans ce documentaire, on a essayé de mettre en lumière les points communs avant les différences pour qu’on regarde ces gens différemment.

 

Rire avec eux, non d'eux

 

Ce n’est pas "l’Amour est dans le pré" des handicapés car il n’y a pas de dimension de "jeu" dans le programme. Il n’y a pas de mise en scène, pas d’éliminations. Nous n’avons pas non plus fait appel à un directeur de casting pour trouver nos témoins. Ce sont des journalistes qui ont fait ce travail, avec l’aide d’associations.

 

Il était très important pour nous de chercher des témoins qui avaient du recul sur leur situation, qui avaient conscience de leur handicap et qui acceptaient d’en rire pour que le public puisse rire avec eux et non d’eux.

 

Il fallait également que ces gens soient en recherche d’un-e conjoint-e, sinon en recherche active, au moins avec l’envie de vivre à deux.

 

 

Tous étaient accompagnés

 

Les gens que nous choisissions devaient également être suffisamment solides pour supporter l’aspect "télévision". On a refusé des gens qui nous paraissaient trop fragiles et trop désespérés. Nous ne sommes pas des psychiatres et si leur détresse était trop grande, nous ne pouvions pas nous engager à les aider. Car la déception pouvait être au rendez-vous, ils pouvaient ne pas trouver l’amour…

 

Dans le cadre des personnes en situation de handicap mental, nous nous sommes systématiquement renseignés auprès de leurs proches, même si parfois il est délicat de demander leur validation aux parents d’un adulte. Nous voulions nous assurer qu’ils ne seraient pas seuls après la diffusion des épisodes.

 

En amont, un psychologue habitué au handicap leur a parlé, ainsi qu’à leurs familles.

 

Ça se regarde comme un sitcom

 

C'est une série documentaire dont le ton se veut résolument divertissant et plein d'humour. Et ce grâce aux témoins. Le message sous-jacent doit passer, mais on ne doit pas donner l’impression de s’être trompé de chaîne. Le téléspectateur doit pouvoir rire, s’émouvoir, s’attacher aux témoins… Ça se regarde comme un sitcom.

 

Mais le résultat n’est pas pour autant édulcoré, c’est bien leurs vies. C’est d’ailleurs ce qui était difficile à tourner : il n’y a pas deux histoires pareilles et tout était très imprévisible. Le handicap est un facteur qui modifie certaines habitudes de tournage. Certains témoins se fatiguaient plus vite, par exemple. À l’arrivée, j’espère plus que tout que chacun d’entre eux se reconnaîtra.

 

Contents de se voir à l’écran

 

J’ai été rassurée par la réaction d’Ellyn et Julie, à qui on a montré les séquences qui les concernaient avant qu’elles ne soient diffusées à la presse.

J‘avais très peur car même s’il m’avait semblé être restée fidèle à ce que j’avais filmé de leurs vies, j’appréhendais leur réaction en se voyant à l’écran.

 

Elles étaient très contentes. Or il était capital de respecter le contrat de confiance passé avec elles.

 

 

Propos recueillis par Louise Pothier.

 

>> Retrouvez "Mon partenaire particulier" sur M6 à partir de 20h50 mercredi 1er avril. 

 

 

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1347870-docu-sur-des-handicapes-en-quete-de-l-amour-j-ai-d-abord-ete-sceptique-m6-m-a-rassuree.html

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